
Si l'utilisation d'un flashmètre est très pratique pour régler ses flashs, on n'a pas forcement fait le choix d'investir dans cet appareil pour débuter.
Le flashmètre permet très rapidement de régler l'énergie du flash et de pouvoir éclairer le sujet "au mieux", ou si vous préférez, pour une exposition optimisée (à droite). Alors comment faire si
on n'a pas d'appareil de mesure comme un flashmètre ?
Exposer une scène en utilisant toute la capacité de l'appareil, c'est exposer le capteur afin que le blanc d'une scène correspond au remplissage presque total (donc sans débordement) des
photosites correspondant à ce blanc sur l'image (ce qui est blanc doit être blanc). On gagnera dans les nuances avec des ombres qui auront de l’information pour la post-production.
La mode actuelle : les marques sont fières de prétendre avoir des dynamiques de plus de 14 stops, et les photographes se permettent alors d'être moins pointilleux sur l'expo au point de sous-exposer assez fortement et rétablir en post-prod une image trop "sombre" de peur de "cramer" tout en étant rassuré de voir un rendu plaisant à l'appareil. C'est une très mauvaise habitude mais les sirènes du marketing sont plus fortes et donnent plus confiances.
Vous avez un flash avec TTL
C'est une chance dans ce cas d'avoir un contrôle TTL puisque vous pouvez instantanément le régler sur du blanc de référence. Pour cela, prenez une feuille blanche et mettez là au niveau du visage
du modèle (ou à l'endroit où vous voulez une parfaite exposition dans votre scène), la feuille en direction du flash (loi de Lambert, pour avoir un éclairement maximal) puis visez la
feuille avec votre appareil assez proche pour qu'elle prenne la totalité du champ (ou utiliser la mesure spot si elle est disponible avec votre flash). Votre objectif doit être réglé à la mise au
point correspondant à la distance de prise de vue.
Nota important : surtout ne pas faire la mise au point sur la feuille mais gardez le point de l'objectif à la distance qui sera celle de travail (de la prise de vue !) sinon il y
aura un écart de mesure correspondant à l'écart de tirage (tirage dû à une mise au point proche donc à une ouverture effective différente).
La headroom du capteur, c'est à dire la plage d'exposition jusqu'à débordement (saturation des photosites) est de 3 stops 1/3.
Vérification :
Vous pouvez voir ci-dessous une mesure sur un capteur d'un Nikon Z7 avec une analyse précise par RawDigger de la capacité du capteur. On n'a bien la confirmation de la headroom de 3IL 1/3
(+3.33).

Mesure au plan focal

Carré gris à gauche 0EV sur la feuille qui est grise (L=50%), carré suivant +1IL, +2IL, +3IL, +3.33, +3.66, +4
Première ligne mesure plan focal (exposition du capteur sans optique)
Deuxième ligne, avec optique 85 à f/8
Dans les deux lignes de mesure on obtient une plage de +3.33 utilisable avant saturation.
On remarque à gauche qu'il n'y a aucun écrêtage à +3 1/3 (+3.33) et le canal vert est brulé à +3 2/3 (+3.66) sur la vignette de droite (valeur 15375).
Après votre premier tir TTL sur la feuille, il suffit alors de passer votre flash en manuel et de rajouter 3 Stops 1/3 (sans cette correction la feuille serait grise comme une charte à 18%) pour
exposer avec une optimisation (exposition à droite). Ce principe est d'ailleurs identique à l'exposition ETTR (exposing to the right) en paysage.
Avec un flash manuel (pas de TTL)
Dans ce cas, il faut regarder l'histogramme de votre appareil et régler votre flash afin d'avoir le pic au milieu correspondant à une luminance de 50%. Plusieurs tirs seront alors
nécessaires.
Important :
Pourquoi ne pas utiliser directement l'histogramme pour mettre le pic totalement à droite au lieu de le placer au centre puis faire une correction de +3 1/3 ?
L'histogramme de votre appareil est celui du jpg et non du raw. La headroom du capteur d'un jpg est bien plus limitée, donc on ne peut pas utiliser l'extrémité de l'histogramme pour une
optimisation, seule le calage pour exposer à L50% (pic au centre) est valable.

Pic de l'histogramme au centre avant de faire la correction de +3.33.

On peut régler plusieurs sources ainsi, il suffit comme nous venons de le voir de mettre la feuille à l'endroit où on mettrait le flashmètre, flasher en TTL (ou régler en manuel) en visant la
feuille puis corriger de +3.33 le flash. Si la key light est à +3 1/3, évidement les autres sources auront une correction d'exposition inférieure (fill, rim...).
On pourrait même dire que cette méthode est plus précise que le flashmètre, puisqu'elle prend en considération la mesure à travers l'optique (TTL). Elle est néanmoins moins rapide (et pratique)
si on doit changer souvent de setup. Elle est aussi plus laborieuse pour mesurer un falloff et "topologiquement" moins précise (un flashmètre mesure à un endroit précis à l'instar d'un spotmètre
pour la mesure réfléchie) et n'est donc propice pour cela. Elle permet par contre (et ce n'est pas négligeable) de régler sa lumière principale correctement sans se référer à l'écran ou pire,
exposer au rendu (souvent sous-exposé) et c'est déjà un bon début avant le futur achat d'un flashmètre!
La méthode est d'ailleurs amusante et pourrait étonner et faire sourire beaucoup de débutants (et pas que) en vous voyant faire, mais risque de les faire "pleurer" en regardant vos fichiers raws "lumineux". Elle permet aussi de comprendre le principe de l'exposition "optimisée" ou à droite (ETTR).
Dans la pratique : vous pouvez utiliser cette méthode de la feuille blanche pour caler l'énergie de votre source principale (key light) afin d'avoir une exposition optimisée (exposition à droite) en studio pour des portraits classiques (short/broad light...).
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